vendredi 21 septembre 2018

Et si on faisait un peu de géographie ?



Samedi 22 septembre 2018.

Je me suis rendu compte, un peu tard certainement, que je ne vous ai pas présenté l’Archipel de Pointe Géologie.

Je vous ai souvent parlé de Pétrels, Bernard, Rostand… Mais sans vous dire où se trouve ces îles. Nous ferons également un peu de toponymie.


Terre Adélie.

Portion du continent Antarctique revendiquée par la France, mais gelée par le Traité sur l’Antarctique de 1959.

Elle se situe entre le 136ème et le 142ème Est, à 2700 km au sud de l’île de Tasmanie

Nous ne savons pas vraiment qui fut le premier à découvrir l’Antarctique, mais Jules Dumont d’Urville y accosta le 20 janvier 1840 et baptisa la côté du nom de sa femme, Adèle, ainsi que les manchots Adélie.


Archipel de Pointe Géologie.

Archipel de Pte Géologie-SHOM
L’archipel se situe à l’Ouest du glacier de l’Astrolabe, situé entre le 139° 42’E et le 140° 11’E.

Il est constitué de plusieurs îles que Jules Dumont d’Urville pris pour une pointe du continent.

Une partie des îles sont regroupées autour de l’île des Pétrels, plus au nord nous trouvons les îles Dumoulin, et enfin à l’ouest, les îles Fram, Hélène et Ifo.


Ile des Pétrels.

Iles des Pétrels, Piste du Lion et les îles de la ZSPA


Il s’agit de l’île principale de l’archipel. Elle fut baptisée de ce nom en raison du nombre important de nids de Pétrels géants.

C’est ici, qu’en 1952 fut établie la deuxième base de Terre Adélie, en 1952, après l’incendie de Port-Martin. Cette deuxième base porte le nom de Mario Marret.

Ile des Pétrels, vue depuis l'Est. A droite, l'extrémité de la piste
C’est dans les années 60 que fut construite la base actuelle, Dumont d’Urville avec l’année géophysique internationale.

Le mont le plus haut se situe à 44m d’altitude. Mais il ne s’agit pas du point culminant. Pour le moment, il revient au mât iono, culminant à 73m. Ce mât était utilisé pour des mesures dans l’ionosphère. Actuellement, il supporte l’antenne d’un relais radio et quelques appareils de mesures.
 
Pétrels, vue depuis le Nord
 Elle mesure 900m sur 600m.


Piste du Lion.

Dans les années 90, la France décida de construire une piste d’aviation. Ce chantier colossal fit polémique. Un navire de Greenpeace accosta en 1992 afin de faire cesser les travaux.


Iles des Pétrels, juste derrière le glacier de L'Astrolabe. Iles de gauche à droite : Bernard, piste du Lion, Lamarck, Pétrels, Nunatak du Bon Docteur et Le Mauguen

Les archives à ce sujet sont très intéressantes à lire.

Colossal ? Il a fallu littéralement raser des îles et les raccorder avec les remblais. Orienté au 140, elle mesure 1100m.

Mais durant une tempête en janvier 1994, alors que la piste était achevée, elle fut en partie détruite à son extrémité est.

Elle n’a jamais été réfectionnée. Aucun avion ne se posa jamais, hormis une fois… Mais l’avion atterri sur la banquise, et non sur la piste.

Depuis, elle sert de zone de stockage avec les containers, et de garage dans l’ancienne vigie pour les différents engins et bateaux.


Ile Claude Bernard.

Ile Claude Bernard, vue depuis le Sud
Ile massive à l’ouest des Pétrels, culminant à 47m. Elle fut baptisée en l’honneur du physiologiste français, Claude Bernard (1813-1878). Elle se situe à une centaine de mètres de Pétrels.

Elle est interdite d’accès. Elle est intégrée à la ZSPA 120 (Zone Spécialement Protégée de l’Antarctique). Plusieurs espèces l’habitent, les manchots Adélie et les Skuas par exemple.
Seules les personnels désignés par arrêtés préfectoraux peuvent y accéder (scientifiques…) dans le cadre de leurs programmes. Nous pouvons évidemment les accompagner.


Ile Lamarck.

Ile Lamarck, vue depuis le Nord, avec à gauche, le Donjon
Située à une centaine de mètres de Pétrels, elle fait également partie de la ZSPA 120.

Baptisée du nom du naturaliste Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck (1744-1829).

Elle culmine à 22m.

Le Donjon, sur l'île Lamarck
Cette année, la colonie des manchots Empereurs a décidé d’y élire domicile à son extrémité ouest, sur Cap Darwin.


Ile Jean Rostand.

Également intégrée à la ZSPA 120. Culminant à 36m sur l’île centrale, et à 27m sur la Tour de Pise.

Ile Jean-Rostand, à gauche, la Tour de Pise
Les Pétrels géants antarctiques nichent sur celle-ci.

Nommée en l’honneur du biologiste Jean Rostand (1894-1977).


Ile Le Mauguen (ex île Alexis Carrel).

Située au sud des Pétrels, culminant à 28m.

Egalement intégrée à la ZSPA 120.

Baptisée à l’origine Alexis Carrel, elle fut renommée Pascal Le Mauguen, en l’hommage au responsable technique de l’IRFTP (Institut Français pour le Recherche et la Technologie Polaire, anciennement IPEV), décédé dans un crash d’hélicoptère le 8 février 1999.

Malheureusement, ils ne furent pas les derniers. Le dernier accident remonte au 28 octobre 2010, lorsqu’un écureuil percuta la banquise, au moment de la rotation à R0. Quatre personnes perdirent la vie (le pilote, le mécanicien et deux passagers).

De gauche à droite : Nunatak du Bon Docteur, Le Mauguen et Rostand


Nunatak du Bon Docteur.

Emergence rocheuse en bordure du glacier de l’Astrolabe.

Baptisée du nom du Dr Jean Cendron, médecin de l’expédition en 1951, surnommé Bon Docteur. Il alla observer les Empereurs.

Dernière île de la ZSPA 120. Des lichens sont présents.


Cap André Prud’Homme.

Situé à 5 km au sud-ouest des Pétrels, sur le continent, elle n’est ouverte qu’en été.

Cap André Prud'Homme
Il s’agit d’une base annexe, créée pour servir de base arrière à la base franco –italienne de Concordia (Dôme C) et au Raid qui va ravitailler cette dernière deux à trois fois par été.

Baptisé en l’hommage d’André Prud’Homme, météorologue, disparu le 8 janvier 1959.


Glacier de l’Astrolabe.

Glacier longeant les Pétrels, se jetant dans la mer Dumont d’Urville. Baptisé du nom de la corvette de de Jules Dumont d’Urville au moment de la découverte de la Terre Adélie.

Chaos devant le glacier
Pour la petite histoire, L’Astrolabe est également le nom de baptême du patrouilleur polaire P800 de la Marine Nationale qui ravitaille DDU quatre à cinq fois par an.
Egalement appelé L’Astrolabe, l’ancien bateau ravitailleur de P&O, affrété par les TAAF et l’IPEV jusqu’en 2017.

Glacier de l'Astrolabe

Rocher du Débarquement.

Ilot situé au nord-est des pétrels, à 7km, où débarqua Jules Dumont d’Urville.

Rocher du Débarquement à gauche, au centre, les îles Dumoulin
 Une plaque commémore cet évènement.


Ile Pasteur.

Situé au nord du glacier de l’Astrolabe. Reconnaissable de loin avec ses trois bosses.

Ile Pasteur
Baptisée en l’honneur de Louis Pasteur (1822-1895).


Ile du Gouverneur.

Deuxième plus grande île de l’archipel. Un peu plus petite que Pétrels. Elle est située quasiment à mi-chemin entre DDU et Cap Prud’Homme.

Nommé du titre du représentant officiel de la République Française en 1950, André-Franck Liotard.


Iles au Sud-Ouest de DDU : Gouverneur, la Vierge...
 Il existe encore bien des îles, mais je ne peux pas toutes les détailler ici : Hélène, Fram, du Dépôt…

Beaucoup d’îles n’ont pas encore de nom, notamment dans les îles Dumoulin.

Et il ne s’agit que de l’archipel de Pointe Géologie. D’autres îles se situent plus à l’est, avec Cap Jules et Cap de la Découverte et Port-Martin.

Je ne pourrais pas y aller, Port-Martin se situe à environ 60km de DDU. Seul l’hélicoptère peut nous y amener en été.


Ce pendant, quelques berg (ici on ne dit pas iceberg) ont également un nom.

Berg Pyramide
Mt St-Michel

Les îles dont je vous ai parlé au-dessus se situent jusqu’à 10km de DDU, soit 3 à 4h de marche, pour l’aller seulement.
Les cartes sont celles du Service Hydrographique et Océanique de la Marine (SHOM).

Les photos, de votre serviteur et d’autres hivernants.

mardi 11 septembre 2018

La mer, le retour !



Mercredi 12 septembre 2018.

La mer, le retour…

L'anse du Lion, le 25 août
Après des mois d’absence, la mer est de retour. Enfin, elle n’a jamais vraiment été très loin, juste à 1m sous la glace de mer.

Depuis quelques semaines que nous subissons du vent, une polynie s’est formée à l’Ouest de DDU. Une polynie, c’est un espace d’eau de mer libre de glace, mais entouré par la banquise. Banquise solide ou bien par le pack.

La polynie, le 11 août

Le 11 août, voyez la largeur de la banquise et du pack
 Petit à petit, le vent d’Est a disloqué la banquise, qui, aux alentours du 2 septembre se trouvait à 10km environ au Nord de DDU.

Photo satellite, vue polaire, le 2 septembre

Photo satellite, vue équatoriale, le 2 septembre
L'Anse du Lion, le 2 septembre
Mais le 5 septembre, après un vent d’Ouest assez fort, la polynie s’est éloignée entre 13 et 16km de DDU.

Le 25 août
Depuis le 10, surprise, la polynie s’est rapprochée à… 1km au nord de la piste du Lion. Bref, l’eau est à nos pieds. Avec le vent qui est tombé et la visibilité qui est revenue, nous avons pu l’observer.

La polynie, le 11 septembre
Nous la devinions à cause de la couleur des nuages. Lorsque ceux-ci sont gris, il y a de l’eau libre. En effet, la lumière se reflète sur l’eau, ce qui donne cette couleur aux nuages.

On devine la polynie à la couleur des nuages
A l’opposé, lorsqu’il y a de la glace, la banquise, les nuages sont blancs.

En résumé, pour savoir où se trouve l’eau, il faut regarder dans les nuages.

L'Anse du Lion et la polynie, le 12 septembre
Photo satellite, le 12 septembre
Les photos satellites sont issues d’un site de la NASA : https://worldview.earthdata.nasa.gov

La proximité de la polynie fait le bonheur des manchots qui ne cessent de faire des allers et retours pour nourrir leur poussin.

Pour info, les coordonnées de DDU : 66° 39,80'S / 140°  00,13'E, au cas où vous souhaiteriez nous trouver.